* Venise 4 mars 1678 — † Vienne 28 juillet 1741.
Sa mère Camilla Calicchio est fille de tailleur. Son père, Giovanni Battista (1655-1736), fils de tailleur également, est originaire de Brescia. Il s'installe à Venise en 1666. Il y devient Barbier et exerce comme violoniste à la prestigieuse chapelle ducale de la basilique Saint-Marc de Venise depuis le 23 avril 1685 sous le nom de Rossi. La même année il est un des membres fondateurs du «Sivvgeno dei musicisti», regroupement corporatiste de musiciens, où on retrouve Legrenzi. En 1706, il est cité comme le meilleur violoniste de la ville à côté de son fils dans un Guida dei Forestieri en Venezia (guide de Venise pour les étrangers). Il a peut-être participé à l'organisation de représentations d'opéras; il en a peut-être composés sous le nom de Giovanni-Battista Rossi vers 1688. Le 30 septembre 1729, il obtient un congé pour accompagner son fils en Allemagne. On pense qu'il a étroitement collaboré avec Antonio (ils ont partagé plusieurs appartements à Venise) et qu'il en est le copiste dans les années 1710-1730.
Giovanni Battista Vivaldi et Camilla Calicchio se marient en juin 1676. Antonio et le premier de sept enfants.
On s'accorde à penser que Giovanni Battista est le premier professeur de musique de son fils. Antonio Vivaldi aurait aussi été un des élèves de Legrenzi ( † 1690). Il est cependant destiné à la prêtrise. Il est tonsuré le 18 septembre 1693, en avril 1699 il est sous-diacre et ordonné le 23 mars 1703. Formé dans les églises de S. Geminiano et de S. Giovanni en Oleo, il continue à vivre en famille. Il participe parfois à l'orchestre de Saint-Marc pour renforcer le pupitre des violons. Vers 1706 (?), il cesse de dire la messe en raison d'une maladie d'enfance (selon une de ses lettres de 1737 au marquis Guido Bentivoglio) mais aussi peut-être par opportunisme. |
En septembre 1703 il est maître de violon à l'Ospedale della Pietà, un célèbre internat religieux destiné à l'éducation de jeunes filles orphelines. Elles y reçoivent un enseignement soigné dans le but d'obtenir plus tard un emploi. Un certain nombre d'entre elles reçoit une éducation musicale poussée. Les concerts qu'on y donne sont courus par l'aristocratie vénitienne et les visiteurs étrangers. Vivaldi a salaire décent : 60 ducats annuels qui sont portés à 100 en août 1704 en raison de son enseignement de la viole anglaise et la charge de renouveler et d'entretenir l'instrumentarium des cordes. En 1705, son traitement est porté à 150 ducats annuels avec la nouvelle charge d'enseigner la composition et l'exécution de la musique de chambre. La même année il édite son premier recueil de 12 sonates de chambre, chez Giuseppe Sala à Venise, dédiés à un noble de Brescia, Annibale Gambara.
En 1709 il publie, dédicacé à la hâte à Frédéric IV roi du Danemark en visite à Venise, des Sonate a Violino e Basso per il Cembalo [...] Da D. Antonio Vivaldi, Musico di Violino e Maestro de'Concerti del Pio Ospedale della Pieta di Venezia. Plusieurs de ses œuvres circulent sous forme de copies manuscrites, il se produit comme violoniste virtuose. Il est reconduit chaque année dans ses fonctions à l'Ospedale sauf en 1709 pour des raisons inconnues (il n'est pas remplacé). En 1711 il est de nouveau confirmé dans ses fonction à l'Ospedale et en 1713 obtient la permission de s'absenter.
Depuis 1700 l'instruction musicale de l'Ospedale est dirigée par Francesco Gasparini, grand musicien, mauvais organisateur aux méthodes douteuse. Avec son complice, Santurini, impresario du théâtre San Angelo, il fait venir des cantatrices de Ferrare, et ne les paie pas. Elles décident de cesser leur collaboration. Ils les font enlever, mener au théâtre et les battent, l'une d'entre elles tombe dans un canal. Les compères se sortent bien d'un procès grâce à de puissants appuis. Peu intéressé par ses fonctions à l'Ospedale mais très actif à l'opéra, Gasparini est remplacé de fait dans ses fonctions par Vivaldi qui peut faire jouer sa musique dans les meilleures conditions Sa renommée passe rapidement les murs de l'institution.
En 1711 il décide, comme d'autres compositeurs italiens de sa faire éditer à Amsterdam, chez Étienne Roger. Il publie L'estro Armonico, dédié au Grand Duc de Toscane.
En 1713, Gasparini malade prend 6 mois de vacances et ne revient pas à l'Ospedale. Il continue sa carrière à Florence puis à Rome. Cela donne plus de libertés à Vivaldi, dont celle de composer de la musique sacrée.
La même année, le 17 mars, il crée son premier opéra à Vicenza, Ottone en villa, sur un livret de Nicolò Biancardi Bastiano, alias Domenico Lalli, un escroc recherché par la justice napolitaine, écrivain à la mode et ami de Vivaldi qui, toujours en 1713 remplace Francesco Santurini comme impressario du théâtre S. Angelo.
Entre 1714 et 1718, Vivaldi présente huit opéras à Venise, dont Orlando finto pazzo, la première œuvre pour le théâtre S. Angelo créée à l'automne 1714.
Il a dès lors une intense activité de compositeur religieux, d'opéras, de musique instrumentale et de violoniste virtuose, d'entrepreneur d'opéras (il en aurait composé 94 au total dont 50 ont laissé une trace)
En 1714 il compose l'oratorio Moyses pour l'Ospedale
En 1715, il est gratifié de cinquante ducats supplémentaires à L'Ospedale. Vivaldi est connu en Italie et à l'étranger. Les visiteurs de marque de passage à Venise assistent aux concerts de l'Ospedale.
En 1716, il n'obtient pas lla majeurité de la direction collégiale de l'Ospedale mais il est rémunéré en mai comme maître des concerts.
La même année, il compose l'oratorio Juditha triumphan et d'autres oeuvres religieuses pour l'Ospedale. Vers la même époque, il publie son opus 4 à Amsterdam, La stravaganza, recueil de 12 concertos de violon, dédiée à Vettor Dolfino, un jeune aristocrate vénitien de ses élèves.
En 1717 il est à Mantoue au service du comte des Marches et gouverneur de la ville, Philipp von Hessen-Darmstadt pour environ trois années. Il porte le titre de Maître de chapelle de chambre jusqu'à la mort du comte Philipp en 1738. La même année, le violoniste Georg Johann Pisendel lui rend visite aux frais du roi de Saxe pour se perfectionner.
Il rencontre Anna Giraud, son élève et primadona dans ses opéras à partir de 1726. Il s'installe avec Anna et sa soeur Paola Giraud, avec lesquelles il dit entretenir de simples relations amicales. Il retourne à Venise vers 1720.
C'est en 1720 que paraît, de manière anonyme, Il Teatro alla Moda, une charge satirique contre Vivaldi et le théâtre S. Angelo. L'auteur en est Benedetto Marcello, brillant personnage, poète, compositeur, membre du Conseil des Sages et de la Quarentia judiciaire. De par sa famille il a des droits du le théâtre S. Angelo et tente de les faire valoir par des mises en demeure en 1717 et 1725 sans succès.
Vers la fin de 1722 ou au début de 1723 il est à Rome où il crée au théâtre Capranica Ercole sul Termodonte, qui a un grand succès. Pour le carnaval de 1724 il présente deux autres spectacles, il Giustino et la Virtù trionfante (ou Il Tigrane). A la fin de son séjour romain (après mai 1724), il est reçu par le pape. En juillet il n'est plus à Rome.
Pendant son séjour romain, le 2 juillet 1723, les responsables de l'Ospedale de la pietà lui font obligation de se déplacer trois à quatre fois par concerto pour les faire travailler aux musiciennes. Mais en 1724-1725, Vivaldi apparaît par intermittence sur les comptes de la Pietà puis en disparaît jusqu'en 1735.
Vers 1724, Le Cène publie le recueil opus 8, Il cimento dell'armonia e dell'invenzione (la confrontation de l'harmonie et de l'invention ou la liberté créatrice à l'épreuve des règles de la composition), dédicacé au comte Morzin dont la maison sera bénéfique quelques années plus tard à Haydn. Dans la dédicace pompeuse Vivaldi, «Maestro en Italia» demande à ce qu'on ne soit pas surpris de trouver parmi les concertos les Quatre Saisons «appréciées depuis longtemps»
En 1725, il monte à S. Angelo L'Inganno trionfante en amore.
En 1726, Dorilla en Tempe au même théâtre et participe à un pasticcio donné au carnaval de Prague : La Tirannia castigata.
A S. Angelo au carnaval de 1726-1727, Le fede tradita e vendicata. La même année on fait appel à lui pour sortir le Teatro della Pergola de Florence d'une situation financière difficile il donne Ipermestra, et à Reggio Siroès, Re di Persia (livret de Metastasio). à l'automne 1727, de nouveau à S. Angelo de Venise, Orlando Furioso. En 1727 également, il donne un concert de ses oeuvres chez Jacques-Vincent Languet comte de Gergy (1667-1734), ambassadeur de France. Le Mercure de France en donne un compte-rendu élogieux.
Pour le carnaval de 1727-1728 à S. Angelo il compose l'opéra Roselina ed Oronta.
Fin 1728 il renouvelle le succès de Florence avec Atenaide, et ses Quattro Stagioni ont un grand succès aux Concert spirituels à Paris le 7 février. Il est une quinzaine de jours dans l'entourage de L'empereur Charles VI (1685-1640) en visite en Italie. Selon les lettres de Caylus à l'abbé Conti, l'empereur se serait longuement entretenue avec Vivaldi, lui aurait donné beaucoup d'argent et l'aurait fait chevalier.
En 1729, avec Anna et son père qui obtient une année de congé, il entreprend un long voyage en Autriche, peut-être ailleurs, certainement invité par l'empereur. Il n'est pas possible dans l'état actuel de la documentation disponible de retracer quatre années itinérantes.
En 1730, Benedetto Marcello obtient gain de cause, récupère les droits familiaux le théâtre S. Angelo, nomme un nouvel administrateur.
Fin 1731 un opéra de Vivaldi est créé à Vérone ( Seminaride) suivi le 6 janvier 1732 par la Fida Ninfa sur un livret d'un aristocrate véronais. Le même mois, Seminaride est donnée à Mantoue ; à Venise pour le transfert des reliques de San Pietro Orseolo à Saint-Marc, un Laudate Dominum de Vivaldi est joué sur le Molo.
En 1733 son opéra Sarce est peut-être donné à Ancôme. Sa présence est attestée à Venise. A l'automne 1733 Montezuma est donné à S. Angelo de Venise.
Au carnaval de 1733-1734, toujours à S. Angelo, il crée l' Olimpiade sur un livret de Metastase. L'opéra est repris à Gêne.
Au carnaval de 1735, Tamerlano et Adelaide sont créés au Filarmonico de Vérone. Pour le théâtre Grimani de S. Samuele de Venise il compose Griselda, adaptée d'un drame d'Apostolo Zeno par Goldoni qui a écrit le récit de sa rencontre avec Vivaldi. Pour le même théâtre ils collaborent à nouveau à l'automne pour Aristide. Le 5 août 1735 il reprend ses fonctions à la Pietà. On lui demande assiduité et on le nomme «maestro di concerti» pour 200 ducats par an. La délibération est confirmée l'année suivante et l'on souhaite que le maître ne s'absente plus.
En 1636, il crée Ginevra à Florence et en 1737 Catone en Utica à Vérone..
En 1737 à Ferrare, le cardinal Tommaso Ruffo interdit la représentation d'un de ses opéras dont la préparation est déjà bien avancée. Les motifs de cette interdiction semblent reposer sur le fait que Vivaldi, prêtre, ne dit pas la messe et a des relation douteuses avec Anna Giraud et sa sœur Paola. C'est ce que Vivaldi soutient dans une lettre du 16 novembre 1737 adressée au marquis Bentivoglio. L'opéra est donné deux mois après à Vérone.
En 1738 il se produit au théâtre Schouwburg à Amsterdam qui fête son centième anniversaire.
A son retour il donne sa cantate Mopso en l'honneur du prince Ferdinand de Bavière qui réside à Venise, et pour le carnaval de 1738-1739, il crée à S. Angelo L'Oracolo en Massinia, un pastiche avec des airs de différents compositeurs (Handel, Hasse, Pergolesi), Roemira fedele, et reprend Armida. A l'automne, Feraspe. Ce retour au théâtre S. Angelo tient peut-être au départ de Benedetto Marcello, nommé camerlingue à Brescia.
En 1740 il donne un concert en grandes pompes en l'honneur de l'électeur de Saxe et fils du roi de Pologne, Frédéric Christian.
Le 29 août 1740, le gouvernement de la Pietà fait le vœu de constituer un répertoire de concertos et en prévision du départ de Vivaldi propose de lui acheter des concertos. Vivaldi les vend un ducat pièce et disparaît de Venise après avoir fait ses adieux à la Pietà à l'automne 1740.
Le 26 juin 1741, des partitions de Vivaldi sont vendues au comte Vinciguerra di Collalto
C'est en 1963 que Rodolfo Gallo lit dans les Commemoriali Gradenigo que Vivaldi «avait gagné en un temps plus de 50 000 ducats, mais sa prodigalité désordonnée l'a fait mourir pauvre à Vienne». On a en effet retrouvé l'acte de décès de Vivaldi à Vienne, où il meurt dans le maison d'un certain Satler près de la Karner Thor. Il est enterré au cimetière de l'hôpital le 28 juillet 1741 après le cérémonie accordée aux indigents. A Venise, les soeurs d'Antonio Vivaldi, Zanetta et Margharita font apposer les scellés sur la maison de leur frère. Sept ans plus tard, Anna Giraud se marie.